Thierry Fanfant présente Simé Lanmou

Thierry Fanfant était aux Antilles ces jours-ci, d’une part pour accompagner le pianiste Jean-Marc Bellon qui se produisait en Guadeloupe dans le cadre des « Premières rencontres autour du piano », mais surtout pour la promotion de son tout nouvel album fraîchement sorti, « Simé Lanmou ». A la tête d’une formation plus resserrée que sur « Intimes » paru en 2005, et dont en particulier un trio de désormais fidèles formé avec David Fackeure et – bien sûr ? – Jean-Philippe Fanfant, Thierry célèbre tout à la fois l’amour, la musique caribéenne, le partage et la créolité, autour de textes jamais anodins et toujours justes. Les principaux rythmes de Guadeloupe et de Martinique offrent à Thierry la matière pour exprimer toute la palette des émotions, en s’appuyant à chaque fois sur quelques invités judicieusement choisis. Si le jazz reste le fil rouge de l’album – en témoigne le design de la pochette, très réussie, au parfum unique des classiques de Blue Note, ou encore le cœur de l’orchestration en trio avec contrebasse – il en constitue surtout la base du langage, mais pas le message principal qui reste avant tout le métissage des cultures à travers la riche diversité de la musique caribéenne. Parmi les invités, quelques belles voix, classiques – Ralph Thamar, Tony Chasseur, récentes – Kareen Guiock, Erik Pédurand, ou bien parlées, avec le beau et poignant poème de Gaël Octavia, « Vale an nou » en introduction à « Pièce d’Inde ». Avec ce titre, Thierry voulait trouver le dénominateur commun à l’histoire de tous les esclavages issus d’Afrique, qu’ils aient abordés dans l’Océan Indien, aux Antilles ou en Amérique. D’où la présence d’Olivier Juste, Meddy Gerville, Linley Marthe, Charly Obin ou Orlando Poléo. Thierry, très souvent à la contrebasse sur cet album, nous fait ainsi voyager à l’aide des rythmes des Antilles, y compris jusqu’en Afrique – « La sev mwen » – avec Julia Sarr ! Tout en pudeur, et après la joie des enfants, « Simé Lanmou » s’achève sur le thème d’Eloi, dissimulé au fond de la dernière piste, en mémoire des disparus partis trop vite, Patrick, Edith, Gilles… Au total, « Simé Lanmou » est une pièce riche, diversifiée, authentique, souvent belle, aux arrangements recherchés, et qui porte haut la musique caribéenne, loin des clichés de facilité qu’elle véhicule malheureusement trop souvent.

Simé Lanmou

Puisque l’on parle de Thierry, c’est l’occasion de revenir sur le pari fou qu’il s’est lancé il y a quelques années avec son épouse Nathalie : offrir aux musiciens antillais une scène à la mesure de leur talent, celle de l’Olympia. C’est ainsi qu’est né le Carib’In Jazz festival, dont nous nous sommes fait l’écho ici-même lors des dernières éditions. Pour cette troisième année, et dans un contexte économique particulièrement difficile, Thierry et Nathalie comptent bien encore une fois relever le gant, profitant de ce que 2011 est l’année des Outremers. A suivre en fin d’année, et surtout, à soutenir !

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